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propriété de la Géorgie, à des particuliers. L’exemple de la Caroline auroit dû prévenir contre cette imprudence : mais chez les nations, comme chez les individus, les fautes du paſſé ſont perdues pour l’avenir. Le plus ſouvent, les faits ſont ignorés. Sont-ils connus, on en impute les fâcheuſes conséquences à des prédéceſſeurs mal habiles ; ou l’on trouve, dans quelques légères différences entre les circonſtances & dans quelques précautions frivoles, le moyen de colorer des opérations radicalement vicieuſes. D’où il arrive qu’un gouvernement éclairé, ſurveillé par la nation, n’eſt pas même à l’abri des ſurpriſes qu’on fait à ſa confiance. Le miniſtère Britannique livra donc l’intérêt public à l’avidité des intérêts privés.

Le premier uſage que les propriétaires de la Géorgie firent de l’autorité ſans bornes qu’on leur avoit accordée, fut d’établir une légiſlation qui mettoit dans leurs mains, non-ſeulement la police, la juſtice, & les finances du pays, mais la vie & les biens de ſes habitans. On ne laiſſoit aucun droit au peuple, qui, dans l’origine, a tous