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étaient rendus maîtres pendant les temps d’anarchie féodale qui signalèrent les dernières années du deuxième royaume de Bourgogne ; et, quand l’empereur vint recueillir la succession de Rodolphe le Fainéant, il confirma leurs possessions, ne se réservant que son droit de suzeraineté. Plus tard, ils cédèrent leur autorité quasi absolue au souverain dans les États duquel leurs seigneuries se trouvaient enclavées et reçurent de celui-ci l’inféodation des mêmes terres et les premières charges de l’État[1].

De nombreux monastères s’étaient élevés sur le sol savoisien depuis l’origine de la Maison de Savoie. Sous l’influence du souffle religieux qui, pendant le xie et le xiie siècle, poussa la chrétienté au tombeau du Christ, les maisons religieuses se multiplièrent en Europe. Il serait difficile d’indiquer celles qui exerçaient déjà, à cette époque, les droits de la souveraineté et restreignaient par conséquent celle des princes dont nous venons de parler. L’abbaye de Talloires, en Genevois, remontant au milieu du xe siècle, dépendait alors de l’abbaye de Savigny et était déjà importante ; mais aucun document n’atteste qu’elle eût alors une semblable puissance. Celle d’Aulps, fondée vers 1094, exerça fréquemment le pouvoir souverain, mais le fit-elle dès qu’elle fut constituée propriétaire du sol ? On ne peut l’affirmer. On doit en dire autant de l’abbaye d’Abondance, créée en 1108, dans le voisinage de la précédente ; de celle de Sixt, sa fille ; des prieurés de Bellevaux, en Chablais (1138), de la chartreuse de Vallon, établie vers la même époque dans la même province, enfin des prieurés du Bourget et de Saint-Innocent.

A l’exception de l’abbaye de Tamié, fondée en 1132 et

  1. Grillet, Dictionnaire historique, I, 22.