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Il avait rendu le dernier soupir à Turin, le 27 avril 1831[1].

Ainsi fut terminée la branche aînée de Savoie, qui s’était séparée de celle des Carignan avec les fils de Charles-Emmanuel Ier.

Charles-Félix laissa le souvenir d’un prince intelligent et pieux, doué d’un caractère ferme, d’une âme sensible et bonne, possédant l’art de gouverner et le secret de rendre son peuple heureux[2]. Ce fut un type de souverain paternel, proscrit à notre époque. Il introduisit des améliorations dans l’administration de la justice, il fit opérer ou commencer un grand nombre d’édifices et de travaux publics. Nous ne citerons ici, après la restauration d’Hautecombe, que l’endiguement de l’Arc et de l’Isère et le rétablissement des monuments des premiers comtes de Savoie dans la cathédrale de Saint-Jean de Maurienne.

Peu de souverains ont habité si souvent la Savoie depuis le transfert de la capitale à Turin. Aussi cette province lui a gardé un tendre souvenir, cimenté par les bienfaits qu’il y répandit et par le choix qu’il fit de sa sépulture sur les rives d’un de ses lacs.

Dès le 5 mars 1825, il avait réglé ses dernières dispositions, dont plusieurs concernaient Hautecombe. Par l’une, il léguait à cette abbaye cent messes et en fondait une à perpétuité pour le repos de son âme. Dans les autres, il s’exprimait ainsi :

« Comme je n’ai accepté la royauté que pour obéir à la volonté de Dieu, je désire que mes obsèques et convoi funèbre se fassent avec le moins de pompe possible. Après les suffrages ordinaires pour le repos de mon âme, je veux que mon corps soit porté à l’abbaye d’Hautecombe,

  1. Âgé de 66 ans ; il était né le 6 avril 1765.
  2. Boissat, Hist. de Sav.