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L’abbé Arsène de Jouglas fit, en 1714, d’activés démarches pour obtenir du Sénat l’entérinement du bref pontifical. Cette compagnie, qui avait montré précédemment son désir de réformer les monastères par de nombreux arrêts, opposa à la publication du bref les maximes d’État ordinaires. C’était admettre des supérieurs étrangers à la visite des maisons de l’Ordre, en Savoie, sans permission des magistrats ; c’était laisser sortir du pays une quantité d’argent par les contributions annuelles établies sur chaque monastère par les charges communes, etc.

Victor-Amédée exigea du Sénat de longues explications sur les rapports des maisons cisterciennes de Savoie avec leurs supérieurs et sur l’administration de ces monastères. Enfin, cédant aux instances de l’abbé de Tamié, ce prince ordonna l’entérinement du bref sous les modifications proposées par les magistrats relativement aux visiteurs étrangers, aux contributions à prélever sur chaque abbaye et aux appellations comme d’abus. L’enregistrement eut lieu le 13 septembre 1715[1].

Cette publication ne réforma point la communauté d’Hautecombe. Composée d’une dizaine de religieux, dont quelques-uns exerçaient fréquemment des fonctions en dehors du monastère, elle paraissait attendre sa dernière heure et n’avoir plus l’énergie de résister au mal qui l’emmenait. Elle continua de décliner et, dès le 1er janvier 1727, elle fut réduite à quatre religieux par ordre de Victor-Amédée II, poussé à cette détermination, soit par le manque de recrues, soit pour employer une plus grande partie des revenus aux réparations.

Et quel simulacre de communauté vécut à Hautecombe pendant les années suivantes ! Le prieur écrivait « que

  1. Burnier, Hist. du Sénat de Savoie, t. II, p. 161 et suiv.