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déplorables de la commende : l’abbé ou père de la communauté laissant diminuer le nombre de ses enfants pour ne point les nourrir.

Aussi, des tiraillements à cette occasion surgirent plus d’une fois.

Un conflit d’une autre nature troubla longtemps l’abbaye d’Hautecombe et ne fut apaisé pour ainsi dire qu’avec la suppression de l’abbé commendataire. Il s’éleva à propos de la réception des novices et de la nomination aux fonctions de la communauté. Nous avons exposé plus haut[1] la différence des règles adoptées en France et en Savoie relativement aux pouvoirs de direction et de juridiction de l’abbé commendataire. Le prieur claustral d’Hautecombe, à l’époque dont nous parlons, était nommé par son supérieur régulier direct, l’abbé de Clairvaux[2] ; les novices, après avoir rempli les conditions requises, étaient reçus dans la communauté par le prieur ; et ce dernier avait seul le droit de nommer aux divers emplois de la communauté, tant à Hautecombe qu’à Saint-Innocent.

Néanmoins, pendant la vacance de l’abbaye, la duchesse Christine avait écrit au prieur, le 13 janvier 1651, pour qu’il reçût un religieux. Son fils Charles-Emmanuel avait nommé le prieur de Saint-Innocent « en vertu de son droit de patronage et de nomination à toutes les charges et fonctions de l’abbaye pendant la vacance, » et cette nomination avait été confirmée plus tard par dom Antoine de Savoie.

  1. IIIe partie, chap. 1er.
  2. On se rappelle que les cinq premières abbayes de l’Ordre, c’est-à-dire celles de Cîteaux, Pontigny, Clairvaux, la Ferté et Morimond, ne tombèrent point canoniquement en commende et n’eurent quelques abbés commendataires que par subterfuge.