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l’exemple donné à la même époque par plusieurs saints personnages qui, voulant se retirer du monde, fondaient un institut nouveau, il choisit, par humilité, le modeste ordre naissant de Cîteaux[1], destiné à jeter tant de gloire sur la grande famille bénédictine.

La règle de saint Benoit, qui, depuis le Mont-Cassin, s’était étendue surtout l’Occident, avait subi de nombreuses atteintes dans son application. Cluny, après l’avoir fait revivre pendant le xe et le xie siècle, tombait sous le poids de ses immenses richesses, lorsque plusieurs moines bénédictins. animés d’un noble désir de perfection, fixèrent leur retraite dans la forêt de Molesme, sans la direction de saint Robert. Cet établissement, comme enivre de son rapide développement, dévia bientôt de sa première direction, et saint Robert le quitta avec six religieux, qu’il choisit parmi les plus fervents, pour s’enfoncer dans la solitude de Cîteaux, au diocèse de Châlons, située au sud et à cinq lieues de Dijon.

Plus tard, quatorze autres religieux de Molesme se joignirent à eux et, l’an 1099, ils achevèrent la construction d’une chapelle en bois, qu’ils dédièrent à la mère de Dieu, dont le nom se lira désormais sur le frontispice de toutes les maisons cisterciennes.

Quinze ans après sa fondation, l’abbé Étienne, entouré du petit nombre de moines exténués que l’épidémie et les

  1. Il était admis généralement, à cette époque, que les hommes appelés simultanément au service de Dieu restassent unis dans leur vocation et constituassent une congrégation distincte. Saint Bruno se retire, en 1086, dans les montagnes du Dauphiné et crée l’ordre des Chartreux ; vers 1100, Robert fonde, dans le désert de Cîteaux, l’ordre célèbre de ce nom ; en 1116, Robert d’Arbrisselles fonde l’ordre de Fontevrault ; en 1120, Norbert institue l’ordre des chanoines réguliers de Prémontré, etc. (Ratisbonne, Histoire de saint Bernard.)