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rempli exactement les charges imposées par le donateur. Ils entretiennent actuellement, ainsi qu’ils l’ont toujours fait, un prêtre pour desservir l’autel de la maladrerie et célébrer les messes fondées par ledit de Faverges, bien qu’il ne soit pas nécessaire de les dire dans cette chapelle et qu’ils puissent les dire à Hautecombe, ayant la faculté de suppléer de cette manière au défaut de service dans cet hôpital.

« Ainsy manquent les deux motifs de l’édit : l’absence de service et l’administration donnée par le roi ou par son grand aumosnier.

« A quoy on peut ajouter que, lors de la donation, le faubourg de la Guillotière dépendait de la souveraineté des ducs de Savoie, et si bien il a été reduict sous celle du Roy de France, c’est avec tous les privilèges accordés à ladicte abbaye parce qu’elle est située dans les Estats de Savoye, ainsy que l’on voit par les traictés faicts entre l’Altesse desdicts ducs et les Roys de France. »

L’affaire devant être débattue à Paris, le sénateur Cholet, par une autre lettre du 12 janvier 1674, demandait au même Charrot l’envoi de tous les titres établissant les droits de l’abbaye et ses prétentions de se soustraire à l’exécution de l’édit. Il ajoutait que cela serait difficile, car « le mal est que nous sommes dans un siècle dur, où l’on donne tout à l’autorité royale, qui est une raison souveraine à laquelle il n’y a ni résistance ni réplique[1]. »

Néanmoins, cette opposition eut un heureux résultat, car, près d’un siècle plus tard, la rente de la Madeleine figure encore parmi les biens de l’abbaye.

Dom Antoine, pourvu de plusieurs abbayes, ne fixa sa demeure dans aucune d’elles. Souvent appelé à prendre part aux affaires de l’État, lieutenant-général du duc de

  1. Archives de Cour, Abbbazie, mazzo I. — Voir Documents, no 56.