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loin Antoine de Savoie revendiquer énergiquement ces mêmes droits devant le Sénat contre l’abbé général de Cîteaux, et ses protestations être accueillies[1].

D’autres difficultés surgirent relativement à la répartition des revenus entre le commendataire et les religieux conventuels. Nous en verrous plus loin des exemples se rattachant directement à notre abbaye.

Ce mal contagieux, parti de la France, où l’ordre de Cîteaux avait son siège[2], se répandit peu à peu dans presque toutes les contrées de l’Europe. La Belgique, les provinces de l’Allemagne demeurées catholiques et la Suisse firent heureusement exception. Par la ferme volonté des peuples plutôt que par les bonnes dispositions des souverains, ces contrées repoussèrent la commende, et la vie monastique s’y perpétua plus pure qu’ailleurs.

Bien que la Savoie n’eut point été visitée, comme la France, par les guerres et leurs ravages, et que ses comtes tinrent à honneur de faire fleurir la vie religieuse, elle ne résista pas longtemps à cette lèpre morale qui avait une si grande force d’expansion. L’abbaye bénédictine de Talloires, une des plus anciennes de la contrée, mais aussi la moins ferme à résister aux mauvaises influences, paraît


    qu’on a trouvé de lever l’incompatibilité de la personne avec la nature du bénéfice.
    En France, la commende est un vrai titre de bénéfice régulier (ce qui n’était pas admis en Savoie), que le pape donne à un ecclésiastique séculier à l’effet de disposer des fruits du bénéfice pendant sa vie, avec dispense de la règle, secularia secularibus, regularia regularibus. C’est pour cela que le pape seul peut conférer en commende les abbayes et les prieurés réguliers, lui seul pouvant dispenser des canons pour ce qui regarde l’inhabileté des personnes.

  1. Infrà. chap. x.
  2. Néanmoins, Cîteaux et les premières abbayes de l’Ordre ne tombérent point canoniquement en commende.