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sation de ce genre sans le consentement des religieux. C’était revenir aux termes de la donation d’Amédée IV.

S’il arrivait qu’un ou plusieurs de ces artifices ne pussent être ascensés, ils seraient exploités à frais communs : leurs revenus seraient déposés dans une caisse commune, fermée à deux clés, dont chaque partie en garderait une. Les dépenses nécessitées par cette exploitation seraient supportées par égale part.

Un acte fut érigé en conformité de ces clauses[1].

Pour compléter ce que nous avons à dire de cette propriété de l’abbaye pendant le xive siècle, nous ajouterons que, vers la fin de cette époque, le moulin des Charmettes et un pré voisin étaient affermés à noble Pierre de Lompnes, l’infortuné pharmacien du comte Rouge, qui eut le malheur de préparer, ensuite des prescriptions de Jean de Granville, les remèdes auxquels on attribue la mort de son maître. Arrêté en mai 1392, deux ans après il fut condamné à mort. L’exécution de la sentence eut lieu, au mois de juillet suivant, sur la butte de Leschaud, apud calces, où s’élevaient alors les fourches patibulaires de Chambéry, et elle fut horrible. Brisé par la torture, son corps fut attaché à la queue d’un cheval, traîné par les rues de Chambéry, puis divisé en quatre quartiers. Le bourreau les sala soigneusement, et ils furent aussitôt expédiés, pour y être exposés, dans les quatre villes les plus importantes des quatre principaux États de la monarchie : Moudon, Yvrée, Avigliana et Bourg, à qui fut réservée la tête du « trayteur[2] ».

  1. Mém. de la Soc. sav. d’hist., t. V, p. 350.
  2. Chapperon, Chambéry, p. 286. — Mis Costa, Matériaux Hist. (Mém. de l’Acad. de Sav., Ire série, t. XI, p. 172.)
    Le messager de Tarentaise reçut pour l’y porter 11 florins, petit poids.