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Le « jour de la fête des Saints-Innocents » (28 décembre 1356), les mandataires de l’abbaye se rendent au château du Bourget, auprès de leur souverain. Là, en sa présence et devant les principaux gentilshommes de sa cour, Jean de Saint-Amour ; Guillaume de la Baume, seigneur de l’Albergement ; Louis Rivoire, seigneur de Domessin ; Humbert, bâtard, seigneur d’Arvillars et des Mollettes ; Aymon de Challant, seigneur de Fenicy, et Aymé Ville, ils exposent que les nobles bourgeois et habitants de Chambéry avaient usurpé les droits de l’abbaye, s’en maintenaient en possession par la force, refusaient de payer le servis, et que, pour faire cesser ce mépris de leurs droits, l’abbé et les religieux d’Hautecombe avaient résolu d’offrir au comte de Savoie la moitié des moulins du Verney, de la Porte, de Viviand-le-Vieil[1], des Charmettes et de tous autres que l’abbaye possédait à Chambéry, moyennant une rente annuelle de 30 veissels de froment et diverses autres condition que le comte s’engagerait à remplir.

Entre autres conditions, le comte obligerait nobles, bourgeois et autres personnes, habitant dans l’étendue des franchises de la ville, de moudre à ces moulins ; il s’opposerait à ce que personne, de quelque condition, état ou dignité qu’elle fût, vint établir d’autres artifices sans la permission des religieux ; et si le comte en établissait, avec le consentement préalable desdits religieux, la moitié des revenus de ces nouveaux moulins leur appartiendrait. Le comte et ses héritiers s’opposeront aussi à ce que des meuniers (mugnerii) étrangers viennent prendre des blés dans la ville et ses faubourgs, pour les faire moudre ailleurs, et ils n’accorderont aucune autori-

  1. Cet artifice n’existait pas en 1253. Il se trouvait près du Pont-d’Enfer, rue Juiverie.