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l’époque et à l’humeur guerroyante des contestants, ne se vidaient que les armes à la main. Aussi, pendant les trente-huit années de ce long règne, eu trouve-t-on à peine six écoulées dans la paix. Une chronique contemporaine fait assister Amédée en personne à trente-cinq sièges.

L’arrivée d’Henri VII en Italie interrompit ces combats incessants. Le comte de Savoie, son beau-frère[1], lui avait conseillé cette promenade militaire pour apaiser les nombreuses factions qui déchiraient cette contrée. Il alla le recevoir à Soleure, l’accompagna à Lausanne, à Genève, à Chambéry, où eurent lieu des fêtes magnifiques ; descendit avec lui en Italie et assista à son couronnement, dans la basilique de Latran, le 19 juillet 1312. Conseiller de l’empereur, il eut, par sa prudence et ses grandes qualités politiques, une large part dans l’œuvre de pacification entreprise. Henri VII le nomma vicaire général de l’empire, préfet d’Italie. Après lui avoir témoigné publiquement sa reconnaissance pour ses bons services et l’avoir comblé d’honneurs en différentes circonstances, il lui céda Turin, Asti et le comté qui en dépendait, et l’appela, dans un langage figuré que la postérité a recueilli : Astre éclatant dont les rayons rejaillissent sur le trône impérial. La mort de l’empereur, arrivée le 24 août 1313, dans un couvent des environs de Sienne, mit fin à cette phase glorieuse du règne d’Amédée.

Néanmoins ses États étaient trop peu étendus pour occuper sa vaste intelligence et mettre en œuvre ses grandes qualités politiques. Il tourna de nouveau ses regards vers la

  1. Par son second mariage avec Marie de Brabant. L’empereur avait épousé, vers 1291, Marguerite, sœur aînée de cette princesse ; elles étaient filles de Jean Ier, duc de Brabant, surmommé le Victorieux. (Moreri, Diction. Histor.)