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de Flandre et l’évêque d’Arras ; mais, avant d’avoir pu les réconcilier, il mourut dans cette ville, le 11 janvier 1189. Son corps fut transporté à Clairvaux et placé entre ceux de saint Bernard et de saint Malachie.

Il est compté parmi les plus grandes gloires de son Ordre. La part qu’il prit à la troisième croisade fut peut-être plus belle que celle qu’avait eue saint Bernard à la deuxième. L’Occident était découragé d’entreprendre une troisième expédition lointaine ; il n’y avait pas encore quarante ans que la triste issue de la croisade précédente avait désolé l’Europe. Frédéric Barberousse et Philippe-Auguste n’étaient point des fils soumis de l’Église, comme Louis VII et Conrad[1]. Cependant, par son talent personnel, par l’heureux choix de quelques abbés ou moines cisterciens pour réveiller les courages dans les provinces où il ne pouvait se rendre en personne, par ses voyages en Italie, en France, en Angleterre et en Allemagne, le cardinal d’Albano avait réussi complètement à enflammer le zèle des fidèles et à entraîner les souverains vers le tombeau du Christ.

La vie active d’Henri ne lui permit pas d’écrire beaucoup. Néanmoins, on connaît de lui un traité intitulé : De peregrinante civitate Dei, et quelques lettres[2].

  1. On connaît les luttes prolongées de Frédéric Barberousse et d’Alexandre III. Du reste, cet empereur, âgé de 70 ans, ayant signalé sa valeur dans quarante batailles, s’étant illustré par un règne long et fortuné, pouvait croire sa destinée assez belle.
  2. Elliès du Pin, Nouvelle bibliothèque des auteurs ecclésiastiques, t. IX.