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UN VIEUX BOUGRE

ils n’osèrent railler leur angoisse que dans la clarté de la chambre voisine où ils étaient revenus.

— Tu vas coucher ici, Youyou ? proposa Mlle Rubis.

— J’sais pas…

Elle tremblait, le regard vague, écoutant Michel qui parlait encore du père de son père, disant comme tous au village le redoutaient pour ce qu’on supposait de son passé, pour sa force et sa volonté tenace.

— Assez… avec ces histoir’s de rev’nants…

— Quoi ! c’est un vieux pas grand’chose, un point, c’est tout !

Michel hocha la tête, et son air grave démentait l’observation légère de sa maîtresse.

— Toi aussi, Youyou, tu t’frappes ! s’écria-t-elle. Ah ! y a guère de quoi !…

Mlle Youyou éprouvait une tension très mystérieuse de sa chair :

— J’vais d’mander une chamb’à la mère Naton, pour la nuit…

— Ici, on t’aurait mis un mat’las par terre, proposa Mlle Rubis.