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tères de sa composition : c’est donc une erreur qu’il n’est pas indifférent de détruire. Hippocrate subtilise parfois beaucoup. N’est-il pas subtil, Aph. i, 3, quand il explique, à renfort d’arguments, pourquoi les athlètes, arrivés au maximum de leur force, ne pouvant plus croître, doivent déchoir nécessairement ? N’est-il pas encore subtil, Aph. i, 14, quand il essaie de donner la raison pour laquelle les vieillards consomment peu ? Un genre de subtilité très-analogue se voit dans le traité Des airs, des eaux et des lieux, là où l’auteur expose péniblement d’où vient, suivant lui, la supériorité qu’il attribue à l’eau de pluie sur les autres eaux (t. ii, p. 33, § 8). Il faut donc effacer, des traits caractéristiques du style d’Hippocrate, une prétendue simplicité qui ne lui appartient pas. Hippocrate était un esprit puissant, un chef d’école ardent à la polémique, habile à manier le raisonnement, sachant même, comme l’a ingénieusement remarqué M. Malgaigne (Voy. t. iii, p. 351), glisser sur les côtés qu’il sentait faibles ; et il n’est pas étonnant que, parfois, il soit tombé dans un défaut voisin de ses qualités.

Hippocrate a été essentiellement praticien, et il sait merveilleusement faire tourner à l’avantage de la pratique les résultats de son expérience éclairée. Il est curieux d’observer dans des traités didactiques, par exemple, dans celui Des articulations, avec quel art, à propos de cas particuliers, il intercale les propositions plus générales qui en découlent. Cette pente de son esprit, il l’a suivie sans obstacle dans les Aphorismes, et nulle part, comme le disent MM. Lallemand et Pappas, il n’a plus généralisé ses observations.

En voyant que, dans les histoires de malades rapportées Épid., i et iii, il n’est fait mention, pour ainsi dire, d’aucun remède (Voy. t. 2, p. 582), des critiques ont prétendu qu’Hippocrate n’y avait pas recours, et qu’il restait spectateur diligent mais inactif de la marche et de la terminaison, de la maladie ; cette opinion est réfutée par l’ensemble des livres hippocratiques, mais surtout, à mon avis, par le πεῖρα