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et les adultes ont la même température[1] ; ou bien, enfin, la chaleur dans un corps peut être plus active, plus énergique, plus efficace que dans un autre. Si, dans l’aphorisme en question, plus de chaleur signifie une des deux premières alternatives, Hippocrate s’est trompé en fait ; si plus de chaleur signifie la dernière, il ne s’est pas trompé, mais il s’est mal exprimé. C’est ainsi que Lycus argumente. Pour lui, il pense que la chaleur innée est plus active et plus puissante chez l’enfant que chez l’adulte.

Galien, contrairement à Lycus, soutient que la chaleur innée n’est pas, chez l’enfant, d’une nature différente, plus active, plus efficace, mais qu’elle est plus abondante chez lui que chez l’adulte. D’après Galien, cette supériorité de l’enfant est relative et non absolue, et c’est ce qu’il reproche à Lycus d’avoir méconnu : quand on dit que l’homme est l’animal qui a le cerveau le plus gros, on entend, non que le cerveau humain est plus gros que celui d’un éléphant, absolument parlant, mais qu’il l’est proportionnément au volume du corps. Or, comment Galien a-t-il conçu que l’enfant a sur l’adulte une supériorité relative en fait de chaleur innée ? Le voici : La chaleur innée est un corps (ἔμφυτον σῶμα θερμὸν) composé du sang des règles et du sperme, elle est l’origine du développement de l’être, et devient relativement plus petite à mesure que l’être grossit. C’est ainsi que, tout en admettant que l’enfant et l’adulte ont une température égale[2], il admet que le premier a plus de chaleur innée que le second. Il résulte de là que Galien distingue dans le corps vivant deux espèces de chaleur, l’une, perceptible à nos sens et qui en est la température, l’autre, reculée à l’origine de l’être et qui est la source de la pré-

  1. C’était l’opinion de Lycus.
  2. Ce n’est pas que cette égalité n’ait été un sujet de controverse entre les anciens médecins, les uns soutenant que la température est plus élevée chez les adultes, les autres chez les enfants (Gal. Comm. in Aph. I, 14).