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et qu’il ne serait pas sans intérêt de soumettre à un nouvel examen l’influence de l’état fébrile sur les affections spasmodiques.

XVII. Chaleur innée, ἔμφυτον θερμόν (Aph. I, 14), est une expression qui, au premier coup d’œil, ne paraît avoir besoin d’aucune explication. On supposera en effet, sans peine, qu’Hippocrate a entendu par là la chaleur animale ; et en l’appelant innée, il l’a, ce semble, dépouillée de toute idée hypothétique, plus exact en cela que les modernes, qui, dans leurs théories sur la calorification du corps vivant, sont continuellement tentés de tout rapporter au travail de composition, sans songer que peut-être la vie est par elle-même une source primordiale de chaleur, à placer à côté de celles qu’on énumère ordinairement. Mais il est douteux qu’il en soit ainsi pour Hippocrate, et son idée sur la chaleur animale n’est peut-être pas aussi pure qu’on aurait pu le croire d’abord. En effet, il ajoute que les corps qui croissent ont le plus de chaleur innée ; et cette addition obscurcit beaucoup le sens qu’il y attache.

Comment doit-on entendre que plus de chaleur innée existe chez les corps qui croissent que chez ceux qui ne croissent pas y c’est-à-dire plus chez les enfants que chez les adultes ? Cette question a soulevé un débat entre Lycus et Galien, débat dont je vais mettre un résumé sous les yeux du lecteur. Lycus (Voyez t. 1, p. 107) avait composé sur les Aphorismes des commentaires tellement mauvais, au dire de Galien, que ce dernier assure n’en avoir pu achever la lecture. Cependant, sollicité par des amis de répondre aux objections de Lycus contre l’aphorisme en question, Galien l’a fait dans un petit écrit qui nous est parvenu, quoique mutilé (Γαληνοῦ πρὸς Λύκον). Voici quel est le raisonnement de Lycus : Un corps a plus de chaleur qu’un autre, quand, la température étant la même de part et d’autre, il est plus volumineux ; donc l’adulte a une somme de chaleur plus grande que l’enfant ; un corps a plus de chaleur qu’un autre quand la température en est plus élevée, ce qui est indépendant du volume ; or, les enfants