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des remèdes, Hippocrate examinait par quelles voies l’économie du corps tend spontanément à se soulager.

Négliger les exceptions (et c’est là la dernière remarque que j’aie à faire pour qui veut lire fructueusement les Aphorismes), négliger les exceptions est le caractère habituel de ces propositions. Pour comprendre la légitimité d’un pareil procédé, il faut reconnaître quelle a été l’intention d’Hippocrate : pour lui, la médecine est non pas une science, mais un art (τέχνη). Or, si des propositions où les exceptions sont négligées ne suffisent pas à la science, elles suffisent à la pratique de l’art qui est si souvent une affaire de probabilités. Tel est le sage sentiment d’utilité bien entendue qui a inspiré les Aphorismes ; ce serait se méprendre sur la vraie portée de pareilles sentences que d’être blessé de la forme large que leur a donnée Hippocrate ; et le lecteur, ainsi averti, n’aura plus qu’à distinguer les aphorismes, en petit nombre, ce me semble, où les exceptions l’emportent sur la règle prétendue.

Après ces explications générales sur l’ensemble des Aphorismes, il me reste à donner quelques explications spéciales que j’ai pu réunir sur certaines des propositions sujettes à contestation. Les propositions qui ne figurent pas dans cet Argument sont, dans les notes, l’objet de remarques qui les éclaircissent ou qui énoncent en quoi gît la difficulté de les éclaircir.

III. Aph. vi, 59 : Quand, chez les malades atteints de coxalgie, la cuisse sort (έξίσταται) et puis rentre, il se forme des mucosités. MM. Lallemand et Pappas veulent qu’on rende ἐξίσταται non par sort, mais par s’allonge[1]. Voici

  1. C’est au moment même où je combats une des opinions de MM. Lallemand et Pappas, que je crois devoir les remercier des secours que m’a fournis leur édition des Aphorismes. Ces deux savants verront, et par les emprunts que je leur fais, et même par mes critiques, que ce n’est pas ici un remerciement banal.