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BERJEZ-BESK

mot de même nature que 1 rèd, ou bien identique à vir. râith, que M. Stokes rapproche de gaul. Argento-ratum et de lat. prātum, soit donc « pré » ou « terrassement de tombes ».

Berjez, s. f., verger. Empr. fr. bretonisé par l’initiale et la finale[1].

Bern, s. m., monceau, corn. bern, soit *berg-en- dér. d’une rac. BHERGH : cymr. ber-a « monceau », brynn « colline », gaul. n. pr. Berg-omum « Bergame », sk. brh-ànt- « élevé », visl. bjarg « rocher », al. berg « montagne », vsl. brêgû « berge » (empr. germ. ?), etc.

Bernout, vb., importer, corn. bern « souci », peut-être apparenté à cymr. brwyn, ir. bran « tristesse » : soit *mr- > *br-, et cf. got. maurn-an « se soucier », ag. to mourn « s’affliger », gr. μέρ-ιμνα (mer-imna) « souci ».

Bérô, s. m., bouillon, ébullition (aussi berv), cymr. berwi « bouillir », ir. berb-aim « je bous » : rac. BHERw, lat. fervere « bouillonner », cf. sk. bhur-àti « il tressaille », gr. φύρ-ειν (phur-ein) « tremper ».

Berr, adj., court, corn. ber, cymr. byr, ir. ber> gael. beàrr (et béarraim « je tonds ») : suppose un celt. *ber-so- « court » (cf. gr. φάρσος (pharsos) « fragment »), dont le radical plus simple apparaît peut-être dans φάρω (pharô) « diviser », lat. for-àre « percer », ag. to bore et al. bohren id.[2].

Berv, s. m. (d’où bervi « bouillir »). V. sous bérô.

Berz, s. m., défense. Empr. bas-lat. bersa « clôture »[3].

Bes, s. f., vesce. Empr. fr. Cf. beṅs.

Bes-, préf. péjoratif (aussi bis-), emprunté au fr., dans bes-aigre, bé-vue, bis-cornu, etc., indiquant la privation ou le mauvais état de l’objet dont le nom forme le second terme du composé. Cf. quelques-uns des mots suivants.

Besk, adj., écoué, mutilé : ce mot bizarre parait abstrait de composés, indiquant une infirmité, où le préf. bes- était suivi de mots commençant par un A, tels que bes-kourn « écorné », bas-lat. *bis-càdus « sans queue », à moins qu’il ne soit lui-même violemment écourté de ce dernier [4].

  1. La triple corruption est très logique : ar*verjè a fait croire à une mutation douce de b en v, laquelle ne pouvait se produire que dans un mot féminin ; d’où, le b initial, le changement de genre, et la terminaison féminine -ez.
  2. Gr. φάρω (pharô) n’est donné que dans les lexiques. D’autre part, le radical *bers » est sans doute le même qui apparaît avec métathèse (*bres) dans fr. bris-or et br. 1 bréz-el.
  3. Mais berc’h (V.) fait difficulté phonétique. Il est probable qu’il y a ici confusion de deux homophones : ber » « défense », et mbr. ber » et prospérité », sur lequel on peut voir Ern. s. v.
  4. Le dér. beskel « sillon plus court dans un champ qui n’est pas exactement