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MONK-MORLIVET

Moṅk, adj., manchot : contamination de maṅk et moñ.

Moṅkluz (C.), adj., nasillard : doit se rattacher au même radical que môc’h (soit « qui a de la morve » ou « qui grogne en parlant » ).

Moneiz, s. m., monnaie. Empr. lat. mohèta > roman monëda.

Moṅt, vb., aller, devenir, mbr. monet, corn. mortes, cymr. myned id. : dér. d’une rac. MEN, « aller, marcher », d’ailleurs fort peu répandue, gr. (éolien) μά-τη-μι « je marche », lit. mìnti et russe po-mjatĭ « marcher » [1].

Môr, s. m., mer, corn. et cymr. mor, vir., ir. et gael. muir id. : d’un celt. *mor-i-, à peu près identique à lat. mar-e, got. mar-ei, ag. mère « pièce d’eau w, al. meer et vsl. mor-je « mer » [2], lit. màrès « lagune ».

Moral, s. m., verrou. Empr. fr. ancien moraillea verrou de la visière du casque ».

Môred, s. m., variante déaspirée de morc’hed.

Moren, s. f., vapeur, surtout au pl. morennou « les vapeurs » (accidents nerveux) : dér. de môr, soit « flux et reflux, caprices ». — Conj.

Morgaden, s. f., sèche (lièvre de mer ?). V. sous môr et gdd.

Morgô, s. m., collier de cheval, cf. cymr. myngci id. : soit donc pour *mon-go, dont le premier terme est cymr. mwn « cou », et le second cymr. caw « lien », tous deux perdus en breton.

Morgousk, s. m., assoupissement : contamination de mor-ed (cf. môred) et de kousk. V. ces mots.

Morc’hed, s. m., assoupissement, mbr. morchet « souci », corn. moreth (pour *morheth, cf. môred) « chagrin », et cf. ir. et gael. murc-ach « triste » : soit un celt. *murk-eto— « fait de se flétrir », lat. Murc-ia « déesse de la paresse », murc-idu-s « lâche », marc-ère « se flétrir » [3], lit. mark-atnu-s « chagrinant » (douteux) ; isolé par ailleurs.

Môrian, s. m., nègre : dér. d’empr. fr. More[4].

Môrlargez, s. m., carnaval, mbr. marlarjez, meurzlargiez, etc. : dér. de meurs-lard « mardi-gras » (par d + y > j). V. ces deux mots.

Môrlivet, adj., pâle : soit « grisâtre, verdâtre ». V. sour môr et liou, et cf. môrlivid s. m., « biset, chevalier » (plumage ardoisé).

  1. Cf. aussi maṅtra et tréménout. — Les formes de la conjugaison de ce vb. qui commencent par voyelle, viennent de la rac. El de lat. i-re, gr. εἶ-μι « j’irai », skr. é-ti « il va », etc. ; pour celles qui commencent par k, voir sous 1 kîz.
  2. Cf. gaul. Morint (peuple habitant le littoral du Boulonnais actuel), Are-morica, etc. V. sous ar-.
  3. Marcidus somnô signifie « accablé de sommeil ».
  4. Les Maures ont passé au moyen âge pour le type de la race noire : cf. fr. moricaud, espagnol mor-eno « noir » et gr. μαῦρος id.