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LUSKA-MA

Luska, luskella, vb., agiter, bercer, mbr. queu-lusq « mouvement », vbr. pl. lusc-ou « berceaux », ir. luasg-aim « je secoue » et gael. luaisg « agiler », etc., etc. : soit un celt. *louk-skô « j’agite », pour *ploug-skô, qui se rattache aux racines qu’on trouvera sous leûri.

1 Lusen, s. f., brouillard : dér. du même radical que lus ou que lùg, et probablement de l’un et de l’autre, vu la variante luzen.

2 Lusen, s. f., le premier lait d’une vache qui vient de vêler : pour usen [1] qui s’est partiellement maintenu, et celui-ci d’une base celt. *ous- pour *pous-, cf. sk. piyàs-a et gr. *πῦσ-ο-ς > πῦος qui ont le même sens.

Luzen, s. f., vaciet : pourrait signifier « lampe, lanterne » ; cf. le nom de la luzerne ( « ver-luisant » en provençal), le fr. veilleuse, nom populaire du colchique d’automne, etc.

Luzia, vb., brouiller, confondre, mbr. luz « embarras », cymr. lludd « obstacle » : soit un celt. *loud-o-, qui peut se rattachera la rac. LUDH, sk. runâd-dhi et rodh-a-ti, « il arrête, encombre », etc.


M

1 Ma, mon : le radical 'm- pour le sg. du pronom et du possessif de 1re personne est commun à toute la famille et ne requiert pas d’exemple.

2 Ma, si, corn. ma, vir. > ma, gael. ma id. : le sk. a une particule sma ou smā, bien connue, qu’il possède en outre, en commun avec le germanique, à titre d’élément de déclinaison des pronoms et démonstratifs, et qu’on reconnaît aussi dans l’emphatique lat. -met[2].

3 Ma, particule correspondant au fr. -ci. V. sous maṅ, et cf. ama et éma.

4 Ma, où (interrogatif) : cf. les deux précédents et le suivant.

5 Ma, que : paraît identique au précédent[3].


    LUK dont il est l’opposé, par le fait que le noir est la couleur de ce qui a brûlé. C’est ainsi que ag. black « noir » se rattache à gr. φλέγω « brûler ».

  1. L’l vient d’une sorte d’allitération par écho dans la liaison léaz usen > léaz lusen. — Conj. Ern.
  2. Ces petits mots n’ont en aucune façon le sens conditionnel ; mais ils peuvent figurer dans une proposition conditionnelle, tout comme dans une autre, pour en renforcer le sens, et dès lors prendre dans telle ou telle langue le sens conditionnel par contamination. C’est ce qui paraît être arrivé en celtique. Au reste l’étymologie des particules est rarement claire, et l’on perd son temps à la vouloir serrer de près. Cf. les mots suivants.
  3. Le dédale est inextricable. A la rigueur, tous ces sens pourraient s’être attachés artificiellement à la particule de renforcement qu’on a vue sous 2 ma. Mais cela n’est point probable. D’autre part, le sens de « où ? » pourrait se déduire de celui de « ici »