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HÉAL-HELLUZ

2 Héal, s. f., fourche de la charrue (par où on la tient), mbr. haezl, cymr. haeddel, d’un celt. *sag-e-dla = gr. ἐχ-έ-τλη, « manche, poignée » : tous deux dér. de rac. SEGH « tenir ferme », gr. *ἔχ-ω ἔχω « j’ai », cf. l’esprit rude de ἕξω et le σ de ἔ-σχ-ε « il eut » ; autres dérivés sous 1 héal.

Hék, s. m., irritation, chicane, mbr. hec « odieux ». — Étym. inc, mais les mots fr. chicane, agacer, etc., ne sont pas plus clairs[1].

1 Héd, s. m., longueur, mbr. het, corn. hès, cymr. hyd « longueur » et « jusqu’à » (cf. bété), vir. sith « long » (préf. intensif), ir. et gael. sith, « marche vers, assaut » : d’un celt. *se-ti" de même rac. que br. hîr.

2 Héd, s. m., essaim, mbr. het, cymr. haid, vir. saithe id. : d’un celt. *satyà « génération » (cf. lat. sa-tiô « ensemencement »), dont on trouvera la rac. sous hàd mais avec changement de genre en br.

Hégar, hégarad, adj., affable, affectueux, corn. hegar, cymr. hygar, gaul. n. pr. Su-car-ios. V. sous hé- et kâr.

Hégin, s. m., variante aspirée de égin, V. ce mot.

Hégléô : adj., sonore, clair ; s. m., écho[2] : cymr. hy’glyw(&d).) < celt. *suklew-o-, « qu’on entend bien, facile à entendre ». V. le préf. sous hé- et la rac. sous klévout.

Heiz, s. m., orge, cymr. haidd, gaul. probable sasia « seigle » (asia après un s dans Pline) : d’un celt. *sa-syo-, sk. sasyà et zd hahya « céréale », qui peut-être se rattache à la même rac. que hâd. V. ce mot.

Heizez, s. f., biche, cymr. hydd-es fm. de hydd « cerf ». Empr. germanique probable, et vraisemblablement très ancien : cf. ags. hind > ag. hind, al. hinde > hind-in « biche ».

Héja, vb., secouer, mbr. hegaff[3]. Empr. fr. hocher.

Hélavar, adj., éloquent, affable, vbr. helabar : préf. hé- et lavar.

Hélédan, s. m., grand plantain, corn. enlidan, cymr. henllydan (y ffordd) id. : pour hèd-lédan[4]. V. ces mots.

Helluz, adj., possible : dér. de gall-oud. V.ce mot[5].

  1. Cf. encore hakr et akr, heûg, fr. Héquet n. pr. eto.
  2. Il est difficile de croire que le nom de la « joubarbe » ne soit pas le même mot ; mais on n’en aperçoit pas la raison.
  3. Tout indique qu’ici le g est à prononcer comme j.
  4. « Longueur large » : les épis sont longs et les feuilles larges. Ou bien hédlédan serait-il dû à l’étymologie populaire ? Dans ce cas, le corn. et le cymr. auraient la vraie forme, mais leur syllabe initiale résiste à l’analyse.
  5. Le changement de g en h, ici et dans diverses formes de conjugaison de ce vb., tient, d’une part, à la chute de g initial dans certains auxiliaires très usités (cf. gober : ôber, gra : ra, gouzout : ouzout), de l’autre, à la mutation douce de g en c’h.