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Roule et s’incline,
Pour m’entraîner.
O Vierge Marie !
Pour moi priez Dieu !
Adieu, Patrie !
Provence, adieu !

Dans les Messéniennes, ces élégies tristes et vengeresses, le poète patriote pleura les hontes de la patrie et les spoliations de nos alliés.

Nous laissons ici à gauche, deux sentiers qui n’offrent rien de remarquable ; puis nous nous arrêtons un moment pour contempler une dernière fois la prestigieuse figure de la grande cité, où se levait autrefois pour le monde le soleil du génie et de la liberté : ces dômes gibbeux, ces flèches élancées, ces maisons serrées comme les alvéoles d’une ruche, ce fleuve qui marche lentement, semblable à un serpent qui déroule ses anneaux argentés, c’est Paris ! aux deux points opposés de la Babylone moderne deux colonnes de bronze, élevées tour à tour par le génie du despotisme et celui de la liberté, se regardent comme deux rivales, emblèmes de deux principes destinés à lutter longtemps.

De cet immense amphithéâtre, où grouille une fourmilière humaine, abaissons nos regards sur la partie du cimetière qui se trouve à nos pieds. Là, devant nous, sont les fosses communes, où les ornements de la sculpture sont remplacés par de modestes croix et des bâtons garnis de quelques couronnes. On parle de l’égalité dans la mort ; elle n’est décidément que dans les cieux !