Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/66

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
56
histoire.

si jamais des ecclésiastiques ou des laïques se rendaient coupables de pareils crimes, et qu’après avoir été avertis deux ou trois fois, ils ne donnassent pas une satisfaction convenable , il veut qu’ils soient dégradés de leur rang excommuniés privés de la participation au corps et au sang de Jésus-Christ notre Rédempteur. Quant à ceux qui respecteront ce qui appartient à l’abbaye il appelle sur eux les grâces de Dieu et la protection de saint Pierre et de saint Paul. Il termine en répétant trois fois amen. La bulle est datée du palais de Latran le trois des ides de novembre de l’année 1166. Suivent les signatures de douze cardinaux. L’abbaye eut dès lors à se défendre de cet esprit de guerre, d’indépendance de rapines, qui était comme l’esprit national de cette singulière époque.

On est étonné, avec nos lois et nos mœurs, qu’une abbaye aille chercher un appui temporel à trois cents lieues: c’est qu’alors les campagnes étaient entre les mains d’un petit nombre de seigneurs qui gouvernaient en despotes. S’emparer des biens de religieux sans défense, s’introduire dans leurs fermes enlever le bétail, maltraiter les serfs, étaient des crimes sur lesquels les lois féodales étaient muettes ou impuissantes, surtout lorsque le malfaiteur était assez fort pour imposer au comte, ou pour faire valoir les détours de la chicane. Comme la foi était grande, le pape, chef de l’Église, en appelait à la conscience ; s’il n’était pas toujours écouté, au moins est-il certain que sa voix puissante était entendue et qu’elle arrêtait bien des maux.

    égaux devant Dieu. Sans approuver l’esclavage, il le tolérait comme un désordre que la religion devait détruire avec le temps.