Page:Henry - Histoire de l'abbaye de Pontigny.pdf/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
287
de l’abbaye de pontigny.

de la Baume-Montrevel[1] par son mariage avec un gentilhomme de cette maison en 1400.

Vers 1535, Jean de la Baume, comte de Montrevel et vicomte de Ligny, regardé comme fauteur de l’hérésie de Calvin, commit des brigandages inouis dans l’abbaye de Pontigny. Accompagné de ses satellites, il enfonça les portes de l’abbaye, parcourut l’église et les appartemens à main armée, comme aurait fait un féroce vainqueur il frappa même avec l’épée ceux qui s’opposèrent à son passage. Le sang fut répandu. Après cette scène atroce, il courut à Sens, dénonça les religieux comme lui ayant fermé les portes de leur abbaye lorsqu’il s’y rendait d’après un ordre du duc de Guise, ajoutant qu’on avait maltraité les gens de sa suite. Les tribunaux s’étant saisis de cette affaire, ne tardèrent pas à reconnaître toute la perfidie du comte de Montrevel. Il fut condamné à donner douze cents livres aux religieux, pour réparations civiles, dépens, dommages et intérêts, et à huit cents livres d’amende envers le roi. Le comte en appela à Auxerre, où il subit l’interrogatoire sur la sellette, avec ses complices. La première sentence y fut confirmée, ainsi qu’à Villeneuve-le-Roi, où il en appela encore. Enfin le parlement, par un arrêt définitif, le condamna à satisfaire dans les trois jours aux peines portées contre lui, sous peine d’être chassé du royaume.

  1. De l’illustre maison de la Baume-Montrevel (département de l’Ain) sont sortis deux cardinaux, archevêques de Besançon, deux maréchaux de France, un maréchal et amiral de Savoie, un vice-roi de Naples, et dix-sept gouverneurs et lieutenans-généraux de province. On voyait à Dijon l’hôtel de Montrevel, appelée vulgairement l’hôtel Maurevert. Voy. Courtep., t. ii, p. 120.