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de l’abbaye de pontigny.

D’ailleurs, les possessions territoriales des moines les liaient de trop près aux intérêts et aux passions du siècle, pour que la puissance civile les laissât en repos.

Jean du Bellay, cardinal, fut le premier qui obtint l’abbaye de Pontigny en commende, en l’échangeant pour l’abbaye de Cormery et celle de Barbeaux. Il sortait de l’illustre famille du Bellay, en Anjou. Sa naissance et ses talens le firent rechercher de François I. Ce prince l’employa dans les affaires les plus importantes, le nomma aux évêchés de Limoges et de Paris, le fit son ambassadeur à Rome auprès de Paul III, qui le créa cardinal-prêtre du titre de saint Vital, ensuite de sainte Cécile et de saint Adrien. Il résigna l’évêché de Paris pour prendre celui d’Albe en Italie. Il fut ensuite archevêque de Porto et de Bordeaux, administrateur de l’église du Mans, enfin cardinal d’Ostie et de Viterbe, doyen du sacré collège, abbé commendataire de plusieurs riches abbayes, parmi lesquelles se trouvait celle de Pontigny, où il avait pour agent Claude Coutereau, chargé de la perception des revenus. Tant d’emplois et d’honneurs accumulés sur la même tête, annoncent assez que ces abbés commendataires vivaient plus à la cour que dans les églises et dans les cloîtres. Tous ces grands bénéfices n’empêchèrent point le cardinal-abbé de mourir à Rome le 16 février 1560. Son corps fut déposé dans l’église de la Sainte-Trinité du Mont. Les moines de Pontigny eurent pour la première fois un abbé qu’ils ne voyaient jamais, et qui laissait à d’autres le soin de les conduire dans les voies du salut.