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tutions qui ont existé dans nos pays, ou qui y existent encore. Depuis cinquante ans, il s’est fait une telle révolution dans les esprits, que nous sommes devenus aussi étrangers au genre de vie des cénobites qui étaient établis dans nos contrées, que nous le sommes à celui des solitaires de la Thébaïde : de sorte qu’ils ne peuvent plus nous être connus que par l’histoire. Au lieu d’admirer le généreux sacrifice de ces hommes qui quittaient tout pour Dieu, qui furent de sublimes ornemens de la retraite, de saintes illustrations de la pénitence, on s’attache à relever quelques misères de l’humanité. De là viennent ces faux jugemens que les hommes de notre époque portent sur les anciens religieux. On ne considère pas qu’un grand nombre de fidèles, entraînés dans le tourbillon du monde, auraient été victimes du déréglement de leurs passions, s’ils n’avaient trouvé un asile assuré dans les monastères. Les uns y entraient, poussés uniquement par le désir d’obtenir une couronne plus brillante dans les cieux, et y vivaient pour l’édification des hommes et la joie des anges : placés dans une région plus voisine du ciel que celle où nous rampons, ils secouaient ce qui est de l’homme pour se faire esprits. D’autres, après avoir