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à Sens et à Villeneuve-le-Roy. P. 287.Philippe de Valois ordonna que l’on fit une enquête, et finit par condamner l’abbé et les religieux, par un arrêt du parlement, le 24 avril 1333. Quelle gloire pouvait refléter sur la couronne d’un comte, la vaine prérogative d’un droit de justice acquise par l’abaissement d’une noble abbaye, qui se trouvait à six lieues de sa demeure ? Tandis que ce droit devenait vexatoire et oppressif pour les religieux, qui étaient sans cesse exposés aux tracasseries des prévôts, des sergens, des gardes forestiers et autres agens du comte. L’abbé Thomas se soumit au jugement. Le comte en fut si satisfait, qu’il lui fit grâce des dommages et intérêts qui s’élevaient à deux mille livres. P. 290.Nous, dit-il, mehuz en pitié et considëranz la poureté de la dite abbaye, et la bonne voulenté que fi diz religieux ont à nons, leur avons faite grâce des diz dépenz. Cette grâce et ces paroles flatteuses étaient un nouveau piège tendu à la bonne foi de l’abbé : le comte le pria de mettre son abbaye sous sa sauve-garde, lui promettant qu’il veillerait avec un soin particulier à la conservation de ses biens et qu’ils vivraient désormais en bonne intelligence. L’abbé eut l’imprudence de condescendre à sa demande, ce qui fut pour ses successeurs une source de tribulations, comme on va le voir. Thomas ne survécut pas longtemps aux peines que lui avait causées le comte de Tonnerre. Il mourut en 1339 ; son corps fut déposé dans le chapitre.

L’importance des abbés dans les affaires civiles commence à se perdre au milieu du mouvement général de décomposition de l’ancien ordre de chose,