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de l’abbaye de pontigny.

on ne restituait, que lorsqu’on avait obtenu justice à son gré. L’abbé de Pontigny avait écrit au pape qu’on enlevait jusqu’à des moines et des frères convers. On peut juger combien de tels procédés devaient occasionner de violences. Un homme audacieux devait tout oser contre ses voisins, et surtout contre des religieux, s’il se croyait lésé. Le pape blâme cette coutume, et dit qu’il n’y a pas de loi qui permette de se faire justice soi-même, et que ces violences ne peuvent être tolérées plus longtemps ; en conséquence, il ordonne, avec cette autorité apostolique qui avait tant de poids, que cette manière de se faire justice cesse totalement. C’est toujours la lutte entre la matière et l’intelligence, les intérêts temporels et les idées religieuses, qui durera autant que le monde, sans que jamais il ne puisse y avoir ni de trêve, ni de paix. C’est un spectacle vraiment beau de voir les papes, par le seul ascendant de la vertu, tenir en échec l’orgueil féodal, et dicter des lois à des hommes puissans, qui ont à leur disposition les forces militaires. Les papes étaient alors plus forts que les empires, parce que les forces brutales étaient obligées de céder devant les croyances catholiques, représentées si vivement aux yeux des peuples par la vie de tant d’hommes d’une sainteté si grande et d’un si noble caractère.

T. ii, p. 218 et 221.Les lois civiles ne tardèrent pas à reprendre de la vigueur et à punir les malfaiteurs avec sévérité, comme on le voit par le jugement rendu contre les habitans de Villeneuve-sous-Buchin. En 1285, l’abbé de Pontigny leur avait retiré un droit d’usage, qu’ils