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de l’abbaye de pontigny.

nastère. On voit quelle était la sévérité de la discipline.

Jean Il assista au chapitre tenu en 1214, et mourut le 20 mars de la même année. Il a laissé à Pontigny l’exemple d’une charité rare. Les soins et les égards qu’il avait constamment déployés envers les exilés d’Angleterre, lui méritèrent la grâce de mourir, de la mort des justes. Il n’avait pas cru faire une grande faute en introduisant dans le monastère des dames du premier rang, parmi lesquelles se trouvait une reine de France. En cédant à leur pieux désir, il avait cru servir la cause de la religion, et mériter leur haute protection pour le monastère qu’il dirigeait. Cependant le chapitre-général se trouva dans la nécessité de punir une faute qui touchait de si près à la discipline de l’ordre.

En dehors des ordres religieux déjà établis, on vit s’élever, au douzième siècle, d’autres ordres brûlant du désir de procurer la gloire de Dieu. Car l’Église, selon les temps, a toujours eu recours à divers moyens pour procurer le salut de ses enfans. A la voix de saint Dominique et de saint François d’Assises, les ordres mendians couvrent l’Europe. Ils raniment la ferveur des peuples, envoient des missions dans les pays étrangers, purifient le clergé monastique, donnent de sévères exemples au clergé séculier, et à l’un et à l’autre de grands modèles de désintéressement. La création des ordres des Frères Prêcheurs et des Frères Mineurs devient aussi comme une sorte de protestation sublime contre les grandes richesses des vieux monastères.