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poursuit un papillon, s’attachent à ce qu’il y a d’éphémère dans le phénomène, sans discerner ce qu’il a de commun avec ce qui précède et avec ce qui suit ; les autres ne semblent regarder que dans leur propre pensée et ferment les yeux quand la nature s’avise de la contredire. Les vrais physiciens, comme Curie, ne regardent ni en dedans d’eux-mêmes, ni à la surface des choses, ils savent voir sous les choses.

Les Mathématiques sont quelquefois une gêne, ou même un danger quand, par la précision même de leur langage, elles nous amènent à affirmer plus que nous ne savons. Ceux qui ont cet instinct dont je vous parle savent mieux s’en servir. Ils n’y voient qu’un moyen de mieux exprimer cette symétrie qu’ils sentent dans les choses. C’est par ce sentiment de la symétrie que Curie fut amené à la découverte de la piézoélectricité du quartz, travail où se révélèrent pour la première fois ses rares qualités.

Son attention fut ainsi attirée sur les cristaux ; quelle est la raison mystérieuse qui donne à ces corps cette régularité géomé-