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en discerner les nuances ! et comment ne retrouverait-on pas les traces de tant de qualités dans les ouvrages de ceux qui ont aimé et servi l’enfance ?

Gréard ressemblait à ses modèles. Il avait ces mêmes vertus qui rendent certains hommes privilégiés capables et dignes de s’occuper de la jeunesse : la passion intérieure qui leur donne l’ardeur indispensable aux grandes actions, et en même temps la possession de soi-même qui contient cette passion, et la discipline parfois au point de n’en rien laisser voir au dehors ; comme eux aussi, il avait cette inflexible douceur qui s’allie à une calme fermeté. Ajouterai-je qu’à certains égards il se rapprochait plutôt des éducateurs du dix-septième siècle que de ceux du dix-huitième ? Ceux-là s’en étonneront sans doute qui savent quel ouvrier du progrès il a été pendant toute sa vie ; mais si les généreuses aspirations du dix-huitième siècle éveillaient sa sympathie, son expérience lui avait appris qu’il est dangereux de trop s’adresser à la sensibilité et que la raison est quelque chose de plus solide. C’est qu’il