Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/74

Cette page a été validée par deux contributeurs.
50
SAVANTS ET ÉCRIVAINS

que l’admiration du dollar n’est qu’une religion américaine, mais l’Europe se flatte.

On sait quel usage généreux il fit de son prix. Toute aubaine inattendue lui paraissait imméritée, et il aurait rougi d’en rien garder.

La vieillesse était venue ; quand il était jeune et qu’il souffrait, il l’avait presque désirée :


Viennent les ans ! J’aspire à cet âge sauveur
Où mon sang coulera plus sage dans mes veines :
Où, les plaisirs pour moi n’ayant plus de saveur,
Je vivrai doucement avec mes vieilles peines.
Puissé-je ainsi m’asseoir au faîte de mes jours,
Et contempler la vie, exempt enfin d’épreuves,
Comme du haut des monts on voit les grands détours
Et les plis tourmentés des routes et des fleuves.


De tous les vœux qu’il formulait alors, un seul fut exaucé :


Que je m’en donnerai de tendresse à mon aise !


Ce que fut pour lui cette vieillesse qu’il avait tant souhaitée, vous le savez. De continuelles tortures, l’impuissance physique, et, surgissant au-dessus de tant de ruines, son