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SAVANTS ET ÉCRIVAINS

Comment donc comprenait-il la poésie scientifique d’une part et la poésie philosophique d’autre part ?

La science triomphante doit-elle tuer la poésie ? Sa lumière brutale va-t-elle dessécher cette fleur délicate qui ne prospérerait que sous l’ombre des futaies obscures ? Sully ne le pensait pas. Ce qu’il envie, ce n’est pas l’ignorance naïve des poètes d’autrefois, ce sont au contraire les vastes et lumineux horizons qui s’ouvriront devant ceux de demain.


Poètes à venir, qui saurez tant de choses.


Si le mystère est nécessaire à la poésie, il n’y a pas à craindre qu’il disparaisse jamais, il ne peut que reculer. Quelque loin que la science pousse ses conquêtes, son domaine sera toujours limité ; c’est tout le long de ses frontières que flotte le mystère, et plus ces frontières seront éloignées, plus elles seront étendues.

Les abîmes de grandeur et de petitesse que le télescope et le microscope nous dévoilent, l’harmonie cachée des lois physiques, la vie