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quelque vision intérieure, voyait, je crois, face à face les abstractions mathématiques, sans voiles et dépouillées de toute forme matérielle, et pour lui cependant étincelantes, vivantes et presque animées ; Bertrand, aux yeux pétillants de malice, pensait en géomètre plutôt qu’en analyste ; critique pénétrant en même temps qu’inventeur ingénieux, lettré presque autant que mathématicien.

Après eux sont venus Laguerre et Halphen, qui nous furent trop tôt ravis, M. Jordan, qui a créé toute une algèbre nouvelle, M. Humbert ; l’élégant géomètre. Je ne veux pas oublier Moutard qui a rendu tant de services à l’enseignement de l’École et à l’Association. Dédaigneux des honneurs, sa rude indépendance égalait la sûreté de son jugement et son sens mathématique.

Les physiciens ne sont pas restés en arrière. Quelle figure originale que celle de M. Potier dont l’intelligence pénétrante nous paraît plus admirable encore depuis qu’elle semble défier les cruelles attaques de la maladie, comme pour nous prouver combien