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Pour la lutte de la vie, il faut deux choses : des armes et du courage ; la Science nous a promis des armes ; elle nous les a données ; si nous n’avons pas le courage de nous en servir, ce n’est pas elle qui fait faillite, c’est nous.

Tout mal fondé qu’il soit, ce découragement, si fréquent autour de nous, n’en est pas moins un mal, puisqu’il est une faiblesse. Contre ce mal, nous autres Polytechniciens, nous sommes mieux préservés, parce que nous avons un antidote. L’action ou, à son défaut, la vision de l’action est le meilleur remède contre le vague à l’âme ; c’est l’oisiveté qui fait les enfants gâtés. Or ceux d’entre nous qui n’agissent pas, ont du moins vu de près ceux qui agissent et il leur en reste quelque chose.

Ceux dont nous avons parlé sont les grands ancêtres, mais les fils n’ont pas été indignes de leurs pères. Dans la génération suivante ont brillé deux hommes que nous avons tous connus, car ils ne se sont éteints que dans ces dernières années. Hermite, dont le regard semblait toujours tourné vers