Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/298

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ner à l’étudiant ce qu’elles appellent la vision de la Science intégrale ; bien des plumes autorisées ont montré combien cela est important. À l’École nous avons cela, et nous avons quelque chose de plus ; outre la vision intégrale de la Pensée, nous avons aussi la vision de l’action et cela aussi est bon. Je vais (pardonnez-moi cette digression) vous dire une des raisons pour lesquelles cette vision est salutaire.

Vous avez sans doute entendu parler de la faillite de la Science et cela vous a peut-être paru étonnant après tant de conquêtes si rapides et si surprenantes. Et cependant, cela s’explique aisément.

Voulez-vous me permettre une comparaison ? Beaucoup de gens prétendent que les enfants ne sont jamais si insupportables qu’au moment du jour de l’an ; tant de richesses à la fois ne font que les rendre maussades ; le jouet qu’ils ont reçu ne leur plaît jamais et ils envient celui de leur frère. Eh bien, nos contemporains sont comme ces enfants gâtés ; depuis cent ans, ils ont reçu trop d’étrennes.