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Pourtant je prévois une objection. L’École attirant chaque année un grand nombre de jeunes gens bien doués, il doit nécessairement en sortir beaucoup d’hommes remarquables ; cela ne prouve pas que c’est elle qui les fait. Comment discerner ce qu’ils tiennent d’elle, et ce qu’ils tiennent de la nature ? Les aptitudes de ces hommes étaient diverses ; ne trouvons-nous pas cependant entre eux je ne sais quel air de famille, témoignage muet de ce qu’ils doivent à leur mère commune ?

Ces esprits de tendances si variées se sont coudoyés à l’École ; les liens qui les rapprochaient ne se sont pas rompus tout à fait après la sortie. N’ont-ils rien retiré d’un tel commerce et en particulier le contact d’hommes préoccupés de la pratique n’a-t-il pas agi sur les savants purs ?

Cela, c’est ce qu’on peut dire a priori, que nous apprend l’examen sans parti-pris de leurs œuvres ? En même temps que chez les physiciens, les chimistes, les minéralogistes mêmes, nous reconnaissons l’influence de la haute culture mathématique qu’ils ont reçue ; en revanche, chez les mathématiciens, chez