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imagine un milieu formé de tringles assemblées, pouvant coulisser les unes sur les autres, mais portant des gyroscopes animés de rotations rapides et résistant plus ou moins quand on veut changer leur orientation. C’est l’éther gyrostatique.

À cet ordre d’idées se rattachent les atomes tourbillons ; dans un liquide les tourbillons sont stables ; ils se transportent sans rien perdre de leur moment de rotation qui fait leur individualité. Plus cette rotation est rapide, plus ils offrent de résistance apparente, d’impénétrabilité. En augmentant cette rapidité, on atteindrait une rigidité pratiquement absolue. Et alors pourquoi les atomes matériels ne seraient-ils pas tout simplement de semblables tourbillons. Ils seraient insécables, mais aussi bien on sait qu’un sabre s’ébrèche sur une veine liquide dont le mouvement est assez rapide. Ainsi la matière ordinaire, comme l’éther, devrait ses caractères essentiels aux rotations rapides et éternelles qui régneraient dans son sein.

Autre assimilation curieuse ; supposons deux tourbillons dans un liquide ; quelle sera