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essentiels, il est en désaccord avec les géologues classiques et je puis même dire avec les deux écoles classiques de la géologie. Aux partisans des causes actuelles, il oppose les données relatives au degré géothermique et au refroidissement graduel du globe. Étant donnée la chaleur que perd chaque année notre planète, il faut bien qu’elle ait été fluide il y a à peine un milliard d’années. Hier encore (au sens que les géologues actualistes donnent au mot hier), elle était certainement très différente de ce qu’elle est aujourd’hui. Le soleil lui-même ne peut être vieux ; il fait une prodigieuse consommation de chaleur ; la force vive des poussières cosmiques qu’il peut dévorer ne pourrait suffire à l’alimenter. L’origine de sa chaleur ne peut donc être que sa propre contraction ; mais alors sa durée possible est limitée à quelques centaines de millions d’années. Qu’il reste peu de place pour la vie ! Quelle perspective pour l’avenir de notre pauvre système solaire ! Il est heureux que la découverte du radium ait fait concevoir à quelques personnes l’espoir de prolonger un peu le malade.