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taine méfiance qui est le caractère propre de l’École de Berlin ; pour ainsi dire elle ne cherche pas à voir, mais à comprendre.

Tout dérive donc du nombre entier et participe par conséquent de la certitude de l’arithmétique ; le continu lui-même se ramène à cette origine et toutes les égalités qui font l’objet de l’Analyse et où figurent des grandeurs continues ne sont plus que des symboles, remplaçant une multitude infinie d’inégalités entre nombres entiers.

Les notions analytiques sont donc pour Weierstrass, comme pour Kronecker, des constructions faites avec les mêmes matériaux, les nombres entiers. Mais il y a une différence entre les deux conceptions ; Kronecker est surtout préoccupé de mettre en évidence le sens philosophique des vérités mathématiques ; le nombre entier étant le fond de tout, il veut qu’il reste partout apparent ; pour lui, les seules opérations licites sont l’addition et la multiplication ; ce n’est que par une concession aux préjugés contemporains qu’il consent quelquefois à admettre la division.