Page:Henri Poincaré - Savants et écrivains, 1910.djvu/204

Cette page a été validée par deux contributeurs.

forme bien paradoxale et qu’il fallait toute l’autorité d’Arago pour la faire accepter. Par noyau obscur, en effet, Arago entendait noyau froid et noyau solide. « Si l’on me demandait, disait-il, si le Soleil est habité, je répondrais que je n’en sais rien, mais si l’on me demandait s’il est habitable, je répondrais oui. »

Faye introduisit dans cette théorie une modification qui faisait disparaître le paradoxe : le noyau solaire est relativement obscur, c’est entendu ; mais il n’est pas solide, il est gazeux ; il n’est pas froid, il est plus chaud que la photosphère elle-même. C’est ainsi que dans une flamme les parties les plus chaudes ne sont pas les plus lumineuses.

En même temps se trouvait éclairci un autre mystère de la Physique solaire. Cet astre déverse autour de lui des torrents de chaleur ; si le noyau était froid et si toute cette chaleur venait de la photosphère, comment les provisions accumulées dans une couche si mince ne seraient-elles pas promptement épuisées.

Si au contraire le noyau est chaud, très