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d’abord les idées de M. Faye vivront longtemps et tout nous porte à penser qu’elles ont hérité de la robuste santé et de la longévité de leur père. Et puis, si elles doivent un jour disparaître, puisqu’enfin nous sommes tous mortels, croit-on qu’elles ne laisseront rien derrière elles et qu’il ne restera rien de tout le mouvement qu’elles auront soulevé ? De même que l’humanité est immortelle, bien que les hommes subissent la mort, de même la vérité est éternelle, bien que les idées soient périssables, parce que les idées engendrent les idées, comme les hommes engendrent les hommes.

Pour ces idées, il a combattu jusqu’au dernier jour avec une ardeur que l’âge n’avait pas affaiblie. Dans ce corps qui ne vieillissait que lentement, l’âme semblait incapable de vieillir. C’est qu’il croyait en ses idées et qu’il les aimait, et c’est la foi et l’amour qui font les âmes jeunes. Voilà pourquoi il a pu donner à tant de générations précocement désabusées le bon exemple de la jeunesse.

Il aimait la lutte et ses cheveux étaient depuis longtemps blanchis qu’il se précipitait