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gance ? et même ne l’emporte-t-il pas sur lui par la clarté de son exposition que le lecteur suit sans fatigue ?

D’ailleurs, ce ne sont là que des nuances, et je donnerais une impression plus juste en disant simplement : c’est le livre que Laplace aurait écrit s’il avait vécu de nos jours.

Heureusement pour nous, Tisserand eut le temps d’achever ce livre ; mais il ne devait pas, hélas, jouir longtemps de la satisfaction de la tâche accomplie.

Il fut frappé debout, en pleine vigueur, en pleine activité. À trois heures, il était à l’Académie, au milieu de ses confrères ; le soir même, il n’était plus.

Ne songeons pas trop à ce qu’il aurait pu faire encore, à tous ces espoirs que la mort a brutalement anéantis ; consolons-nous plutôt en pensant qu’il n’a pas péri tout entier et que son action lui a survécu.

C’est qu’en effet ses écrits n’étaient qu’une partie de son Œuvre ; c’était celle qui frappait le plus les yeux, mais ce n’était peut-être ni la plus importante, ni la plus durable.

Il agissait aussi, il agit encore par son