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pouvait choisir entre ces deux voies opposées. Il a préféré la seconde, et c’est ce qui donne à son œuvre son remarquable caractère d’absolue perfection. Tout ce qu’il a touché est maintenant achevé et il n’y a plus à y revenir.

Les géomètres qui ne l’ont pas lu, s’il y en avait, pourraient seuls regretter ce choix. « Le général, diraient-ils sans doute, est seul digne de nos efforts. Les équations de la division de l’argument sont résolubles par radicaux. Voilà un résultat simple, général, élégant et, par conséquent, intéressant. Sans doute nous serions bien embarrassés s’il nous fallait en résoudre une seule. Mais qu’importe ? Appliquerions-nous jamais la formule si nous étions parvenus à la construire effectivement ? Qui s’est jamais servi de celle de Cardan ? »

Ce serait là une critique bien superficielle.

On ne parvient au général que par le particulier ; cela est vrai même dans les sciences exactes ; car, si elles procèdent dans la démonstration du général au particulier, elles doivent dans l’invention suivre la marche