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VIII
introduction

qui se fient à une sorte de divination, et qui n’ont pas toujours à s’en repentir. Certains mathématiciens n’aiment que les larges aperçus ; en présence d’un résultat, ils rêvent immédiatement de le généraliser, cherchent à le rapprocher des résultats voisins pour en faire comme la base d’une pyramide plus haute et d’où ils verront plus loin. Il y en a d’autres auxquels répugnent ces vues trop étendues, parce que, si beau que soit un vaste paysage, les horizons lointains sont toujours un peu vagues ; ils préfèrent se restreindre pour mieux voir les détails et les amener à la perfection ; ils travaillent comme le ciseleur ; ils sont plus artistes que poètes.

Ajouterai-je maintenant que tous les vrais savants sont modestes ; ne souriez pas, il y a certainement des degrés ; mais le plus orgueilleux des membres de l’Institut sera toujours plus modeste que bien des politiciens de second ordre, des députés fraîchement élus, pour qui la modestie serait d’ail-