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taire, ont-ils donc excédé ses forces ? Je ne sais.

Au mois d’avril 1889, il manqua plusieurs séances de l’Académie ; des bruits alarmants, auxquels on refusait de croire, commençaient à circuler ; puis, un jour, les avis des médecins ne permirent plus à ses confrères de conserver le moindre doute. Le lendemain, cette grande intelligence s’éteignait.

Sa mort fut un deuil pour la Science française, mais elle ne fut pas ressentie moins vivement au delà des frontières. Que de lettres j’ai reçues, où des savants étrangers me disaient la sympathie qu’on éprouvait chez eux pour la perte cruelle et irréparable dont la France était frappée !

Je voyais ainsi que, devant un talent aussi éminent, les petites jalousies nationales se taisaient et que les admirables qualités d’Halphen, si françaises pourtant, étaient aussi appréciées à l’étranger qu’en France.