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VII
introduction

pas à celle que les orthodoxes puisent dans le besoin de certitude. Il ne faut pas croire que l’amour de la vérité se confonde avec celui de la certitude ; loin de là, dans notre monde relatif toute certitude est un mensonge. Non, la foi du savant ressemblerait plutôt à la foi inquiète de l’hérétique, à celle qui cherche toujours et qui n’est jamais satisfaite. Elle est plus calme, et en un sens plus saine ; mais comme elle, elle nous fait entrevoir un idéal dont nous ne pouvons avoir qu’une vague notion et elle nous donne la confiance que, sans jamais nous permettre de l’atteindre, nos efforts pour en approcher ne seront pas sans fruit.

Les hommes dont je vais parler sont presque tous des physiciens, des astronomes, ou des mathématiciens ; cultivant des sciences voisines, il semblerait que leurs tendances d’esprit dussent être à peu près les mêmes. Il n’en est rien. À côté des laborieux qui n’ont confiance que dans une patiente analyse, nous trouverons les intuitifs