Page:Henri Poincaré - Dernières pensées, 1920.djvu/80

Cette page a été validée par deux contributeurs.

ments de mesure soient déformés précisément d’après la même loi.

Cette déformation pourrait être quelconque, elle devrait cependant être continue, c’est-à-dire être de celles qui transforment une figure en une autre figure équivalente au point de vue de l’Analysis Situs. L’espace, considéré indépendamment de nos instruments de mesure, n’a donc ni propriété métrique, ni propriété projective ; il n’a que des propriétés topologiques (c’est-à-dire de celles qu’étudie l’Analysis Situs). Il est amorphe, c’est-à-dire qu’il ne diffère pas de celui qu’on en déduirait par une déformation continue quelconque. Je m’explique en employant le langage mathématique. Voici deux espaces et  ; le point de correspond au point de  ; le point a pour coordonnées rectangulaires , et  ; le point a pour coordonnées rectangulaires trois fonctions continues quelconques de , d’ et de . Ces deux espaces ne diffèrent pas au point de vue qui nous occupe.

Comment l’intervention de nos instruments de mesure, et en particulier des corps solides donne à l’esprit l’occasion de déterminer et d’organiser plus complètement cet espace amorphe ; comment elle permet à la géométrie projective d’y tracer un réseau de lignes droites, à la géométrie métrique de mesurer les distances de ces points ; quel rôle essentiel joue dans ce processus la notion fonda-