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Ne pourrions-nous faire nous aussi quelque chose de pareil ? Par exemple les lois fondamentales de la Mécanique ont été longtemps considérées comme absolues. Aujourd’hui certains physiciens disent qu’elles doivent être modifiées, ou plutôt élargies ; qu’elles ne sont approximativement vraies que pour les vitesses auxquelles nous sommes accoutumés ; qu’elles cesseraient de l’être pour des vitesses comparables à celle de la lumière ; et ils appuient leur manière de voir sur certaines expériences faites au moyen du radium. Les anciennes lois de la Dynamique n’en restent pas moins pratiquement vraies pour le monde qui nous entoure. Mais ne pourrait-on pas dire avec quelque apparence de raison que par suite de la dissipation constante de l’énergie, les vitesses des corps ont dû tendre à diminuer, puisque leur force vive tendait à se transformer en chaleur ; qu’en remontant assez loin dans le passé, on trouverait une époque où les vitesses comparables à celle de la lumière n’étaient pas exceptionnelles, où par suite les lois classiques de la Dynamique n’étaient pas encore vraies ?

Supposons d’autre part que les lois observables ne soient que des résultantes, dépendant à la fois des lois moléculaires et de l’agencement des molécules ; quand les progrès de la Science nous auront familiarisés avec cette dépendance, nous pourrons sans doute conclure, qu’en vertu même des lois