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des molécules. Mais c’est justement parce que ce nombre est très grand que les divergences de détail se compenseraient mutuellement et que nous croirions à l’harmonie.

Et les molécules elles-mêmes sont peut-être des mondes ; leurs lois ne sont peut-être aussi que des résultantes, et pour en trouver la raison, il faudrait descendre jusqu’aux molécules des molécules, sans qu’on sache où l’on finira par s’arrêter.

Les lois observables alors dépendent de deux choses, les lois moléculaires et l’agencement des molécules. Ce sont les lois moléculaires qui jouissent de l’immutabilité puisque ce sont les vraies lois et que les autres ne sont que des apparences. Mais l’agencement des molécules peut changer et avec lui les lois observables. Et ce serait une raison de croire à l’évolution des lois.

VIII

Je suppose un monde dont les diverses parties possèdent une conductibilité calorifique si parfaite qu’elles se maintiennent constamment en équilibre de température. Les habitants de ce monde n’auraient aucune idée de ce que nous appelons différence de température ; dans leurs traités de physique, il n’y aurait pas de chapitre consacré à la thermométrie.